« Hé ma belle tu vas où habillée comme ça? »
« Désolé ça t’regarde pas. »
« Oh ça va reste tranquille, t’as cru que t’étais belle sale pute! »
Insultant, n’est-ce pas? C’est malheureusement devenu banal pour certaines personnes d’être visées par ce genre de remarques: en boîte de nuit, dans les bars, au centre-ville et on en passe. Et à chaque commentaire sur le physique, à chaque regard insistant ou à chaque sifflement, le malaise est présent. C’est humiliant et bordel c’est dérangeant! Tu l’auras compris, ce texte traite du harcèlement de rue. Pourquoi? Parce que ça fait longtemps que l’on souhaite s’exprimer sur le sujet. Parce que ça soule, parce que mec t’es relou et parce qu’il y’en a vraiment marre de ne pas être écoutées quand on dit «NON!»
La Ville de Lausanne lance en 2016 une enquête et récolte des données sur le harcèlement de rue. Bilan? 72% des femmes âgées de 16 à 25 ans sont touchées par le phénomène.
En plus, timing parfait: la Ville de Lausanne se mobilise et lance une campagne de sensibilisation (réalisée par Messieurs.ch) sur le sujet. Le but? «Susciter la discussion, faire réfléchir et surtout permettre à chacun d’avoir connaissance du problème», nous explique Yolande Gerber-Schori, adjointe au délégué à l’observatoire de la sécurité. Mais pourquoi se mobiliser maintenant? Long story short: à la suite d’une interpellation en 2016 de la conseillère communale Léonore Porchet, la Ville réalise une enquête et récolte des données sur le harcèlement de rue. Bilan? 72% des femmes âgées de 16 à 25 ans sont touchées par le phénomène. La Ville est alertée et décide alors de faire bouger les choses (clique ici pour savoir comment).
Mais quel est l’avis des lausannois sur le sujet? Pour le découvrir, nous sommes allées à leur rencontre. Et toi alors, sais-tu réellement ce qu’est le harcèlement de rue? « Des actions ou des mots rabaissants, genre un mec qui te parle comme si t’étais un animal, selon Marie, 22 ans. C’est tellement partout, tout le temps, que tu ne fais même plus attention. Ça devient normal. » Pour Alex, 22 ans: « Les hommes ne comprennent pas que ce n’est pas flatteur. Si ça reste poli, c’est ok. Mais ils dépassent très vite la limite. »
« Les hommes deviennent très vite insistants, voire violents et insultants en soirée quand on leur dit qu’on n’est pas intéressées. » Anna, 19 ans.
C’est quoi alors, la limite à ne pas franchir? « Les hommes deviennent très vite insistants, voire violents et insultants en soirée quand on leur dit qu’on n’est pas intéressées », raconte Anna, 19 ans. Son pote Bastien, 19 ans également, lui répond que draguer les filles fait partie du jeu en boîte de nuit. Et que certaines sont également reloues: ça ne va pas toujours que dans un sens. « En attendant, je fais attention à la manière dont je m’habille suivant où je sors pour éviter qu’on me touche le cul », balance Clara, 19 ans elle aussi.
Comme on te l’a expliqué avant, la Ville de Lausanne a pour projet de mettre en place des mesures afin de sensibiliser, de prévenir et de gérer le problème. Mais le phénomène est-il déjà trop ancré dans les mentalités pour espérer un réel changement chez notre génération? « J’imagine mal les videurs ou les flics prendre notre défense en soirée, rigole Sandra, 22 ans, en direction du No Name avec ses potes. Je pense que c’est un problème trop complexe et que c’est trop compliqué de pouvoir prouver que tu t’es vraiment fait(e) agresser. On ne nous prendra jamais au sérieux! » FYI: plus tard dans la même soirée, un secu’ de la boîte s’est marré quand un type a balancé une remarque insultante à l’une des filles. Yes!
Mais il faut tout de même saluer la campagne de sensibilisation lancée par Lausanne: informer les gens et ouvrir la discussion est une première étape pour lutter contre ce phénomène. Tu sauras également qu’une campagne d’affichage est lancée dans toute la ville: ça risque de devenir difficile d’ignorer le harcèlement de rue! Mais ce n’est qu’un début. Est-ce peut-être encore trop utopique de penser qu’on sera enfin entendues quand on dit « NON! »