Si la cathédrale est à Lausanne ce que la tour Eiffel est à Paris, le thème de notre première curiosité était déjà donc tout réfléchi. Mais laisse-nous te poser une question, surtout à toi, lausannois·e·s: as-tu déjà franchi les portes de la cathédrale de ta ville? Non? C’est bien ce qu’on pensait. Tu sauras que nous non plus, ou en tout cas pas depuis un bon nombre d’années. Il nous a d’ailleurs fallut quelques minutes pour trouver l’entrée. Honte à nous, n’est-ce pas? C’est cette absence de connaissance d’un monument aussi typique de Lausanne qui nous a poussé à entrer, à visiter, et à te donner envie à toi-aussi d’aller explorer ce vestige de notre patrimoine.
A peine rentrées, il nous suffit de lever la tête pour apercevoir trois statues, dont une seule a encore sa tête. Étrange? Pas tant que ça. En effet, tu sauras que durant la Réforme, au 16ème siècle, les protestants ont coupé les têtes des figures féminines de Notre-Dame de Lausanne (au centre) et de la Reine de Saba, sur la droite. Mais le roi Salomon, ce chanceux sur la gauche, est encore entier. Pourquoi? Bien qu’aucune source écrite ne l’explique réellement, il est supposé que, ne reconnaissant pas le personnage de Marie au même titre que les catholiques, les protestants s’en sont ainsi pris aux figures féminines présentes dans la cathédrale.
On continue la visite, en passant sous les arches : celles de gauche, attention! Ne te trompe pas. Et là, retour au Moyen-Age garanti. Un long couloir sans fin, des pierres qui constituent les colonnes, les murs et même le plafond : un décors qui amplifie encore plus cette atmosphère presque lugubre et froide. Heureusement, ce passage reste baigné de lumière et apporte comme un côté sacré à l’endroit.
Mais à défaut de trouver la lumière au bout du couloir, on s’enfonce dans la partie sombre de la cathédrale: le déambulatoire et ses vestiges. La première chose que l’on remarque? Elle se trouve juste au bas des marches: l’entrée de la crypte… Lugubre? A peine! Elle s’étend sur presque toute la longueur de la cathédrale… rien que ça! D’ailleurs, si le coeur t’en dit, tu peux la visiter, du mardi au samedi, à 13h30 et à 16h30.
Architecte aviné? Non, juste une révision des plans nécessaire, et ce afin que l’édifice ne se dirige pas droit sur la maison d’un évêque qui vivait non loin.
On a à peine le temps de s’en remettre que notre guide nous place sur la grille d’aération, au milieu du déambulatoire. Elle nous demande de regarder en direction de l’entrée de la cathédrale, entre les colonnes. Et là, désenchantement de l’extrême: notre cathédrale adorée n’est pas symétrique. Architecte aviné? Non, juste une révision des plans nécessaire, et ce afin que l’édifice ne se dirige pas droit sur la maison d’un évêque qui vivait non loin. En parlant d’évêque, la tombe de l’un des premiers d’entre-eux, mort en 1220, se trouve dans l’axe. Et à ses pieds se trouve un chien. Et non, il n’a pas été enterré avec (oui, on a posé la question): il symbolise seulement la fidélité. D’ailleurs, petite anecdote pour briller en société (de rien, ça nous fait plaisir): les archéologues ont retrouvé dans le tombeau des chaussures datant de… 1700! Et personne ne sait pourquoi.
Il est temps de se rendre en direction du symbole ultime de la cathédrale : la rose centrale. C’est joli, hein? Oui, mais pas que. On a d’ailleurs été bien surprises lorsqu’on a commencé à écouter l’histoire de chacun des vitraux qui la compose: le soleil et la lune, les quatre saisons, les douze mois de l’année représentés par les signes du zodiaque, quelques monstres du fleuves du paradis. Oui, tu as bien entendu. Tu ne nous crois pas? Premier vitrail intéressant: en haut à gauche se trouve un ogre qui tient un arbre et qui se nourrit d’odeurs. Un autre exemple? En bas à gauche, ce drôle de bonhomme qui utilise son pied en tant que… parasol! Une dernière petite anecdote, mais après il faudra aller voir ça de tes propres yeux. A côté du losange central, en bas à droite, il y a un homme qui trinque avec un squelette. Le premier, le Bâlois Edouard Hosch, était chargé de la restauration de la rose au 19ème siècle, et le second n’est autre que son créateur. Ne sachant comment représenter son confrère, Edouard a décidé de le symboliser dans l’état dans lequel il était au moment de la création de ce vitrail: mort… Mais trêve d’histoires amusantes! Munis-toi de tes plus belles jumelles, va prendre un prospectus explicatif au kiosque de la cathédrale (non loin de l’entrée principale) et amuse-toi à observer par toi-même chacune des illustrations. Promis, elles en valent le détour.
Et juste d’avant d’entamer l’ascension de l’extrême qui te mènera au sommet de la cathédrale, l’entrée d’origine de l’édifice mérite un dernier arrêt. La pièce vitrée est surveillée par des saints, à qui il manque tristement le nez. Et oui, car il n’est autre que le symbole de l’âme, raison pour laquelle chaque statue se l’est vu arracher lors de la Réforme. Autre fait intéressant, parmi les 6 hommes qui surplombent la salle, celui tout à gauche – Moïse – est affublé de… cornes? Oui! Et non, il ne s’agit pas d’une métaphore démoniaque, au contraire. Elles évoquent la puissance et sont également une manière de symboliser les rayons divins sensés émaner du prophète.Et si les autres statues n’en ont pas, c’est parce que Moïse fût le seul à être entré en contact avec Dieu.
Trêve de bavardages et de contemplations tranquilles, il est temps d’aller se muscler un coup. Prêt à gravir les 120 marches qui t’attendent ? Mais non, on rigole! Il y en a 225. Ah ah! Allé, courage, l’ambiance Game of Thrones et la vue au sommet en valent vraiment la peine. Pour se faire, il faut se rendre dans le kiosque de la cathédrale.
C’est à coup de petites portes qui te donnent l’impression de traverser des passages secrets, de labyrinthes d’escaliers escarpés et même d’une très haute sale bien lugubre et froide que tu te dirigeras dans les hauteurs du monument.
Et là, c’est à coup de petites portes qui te donnent l’impression de traverser des passages secrets, de labyrinthes d’escaliers escarpés et même d’une très haute sale bien lugubre et froide que tu te dirigeras dans les hauteurs du monument. Non, on n’exagère pas, on s’est vraiment prises pour Sansa et Aria. D’ailleurs, une fois que tu es enfin à l’air libre, au niveau de la vue panoramique, ne te laisse pas absorber par la beauté du paysage lausannois, avec son lac, ses vieux bâtiments, ses montagnes… bref, stop! Il faut persister et continuer à grimper. Tu pourras alors voir de près les cloches qui toi, autochtone, te réveillent sûrement les soirs de semaine ou beaucoup trop tôt les dimanches matins. Mais ne t’arrête pas encore, et emprunte les derniers escaliers qui t’emmènent enfin au sommet : l’arrêt ultime, le point culminant de la cathédrale. Mais tu ne nous écoutes probablement déjà plus, absorbé par la superbe vue qui se dresse devant toi. C’est bon, on a compris, on ne va pas te déranger plus longtemps. On te laisse en tête à tête avec Lausanne.