A Bienne, un centre d’art rassemble la scène artistique suisse

Rencontres

Ancienne auberge, la Krone Couronne veut aujourd’hui favoriser le développement culturel de la ville. Rencontre avec Camille Regli, co-fondatrice du projet et directrice, lors du deuxième vernissage de 2022.

Dans les charmantes ruelles de la vieille ville de Bienne, l’ambiance douce se mêle au brouhaha des passants qui arpentent les échoppes, et des amis qui profitent du soleil sur les terrasses des bistrots. Les amateurs d’art s’arrêtent quant à eux rue Haute 1 et poussent la porte de la Krone Couronne – un clin d’œil à son nom d’origine, Alte Krone – une ancienne auberge transformée en centre pour l’art contemporain. Par la fenêtre en arche, on aperçoit déjà le parquet d’époque qui contraste avec les œuvres modernes accrochées aux murs.

Je m’y rends pour rencontrer Camille Regli, co-fondatrice et directrice de l’endroit, à l’occasion du vernissage de Trace, Set, Print!. L’exposition invite 8 artistes à traduire leurs pratiques dans le domaine de l’impression, notamment en collaborant avec un atelier de gravure à Moutier dans le Jura bernois. Avant l’arrivée de la foule, nous nous installons à l’arrière de la salle pour qu’elle me raconte l’histoire de la Krone Couronne:

« La Ville a lancé un appel à projet en 2020 pour reprendre cet espace, avec pour objectif d’encourager le développement culturel de Bienne. Ma collègue, Kristina Grigorjeva et moi-même, avions une programmation et une vision curatoriale qui feraient de ce lieu une plateforme d’accueil pour la scène artistique locale. »

Un début compliqué

Elles inaugurent donc le centre en janvier 2021… en plein confinement! « Nous avions une exposition prévue, mais nous avons dû repenser le format », raconte Camille. Les deux curatrices décident alors de donner carte-blanche à 8 artistes, de fin février à fin avril: pendant 8 semaines, chacun doit amener une œuvre à la Krone Couronne. Les visiteurs ont ensuite pu découvrir ce travail collectif à la réouverture. Heureusement, la situation s’est améliorée depuis. « Nous avons pu accueillir 5 expositions en 2021, se réjouit-elle. En 2022, nous en avons 6 de prévues pour l’instant. Aujourd’hui, c’est la deuxième. »

Une convergence entre la Suisse allemande et romande

Au fil de notre discussion, je me demande toutefois à quoi ressemble cette scène artistique suisse: y a-t-il beaucoup de choix? Qui sont ces artistes? Y a-t-il d’autres endroits qui proposent des offres similaires? Camille nous serre à boire et me répond: « Nous ne sommes pas en manque de talents, rigole-t-elle. Au contraire, nous devons souvent nous freiner! Nous avons beaucoup de choix et la volonté de travailler avec des artistes de Bienne, mais pas que. » C’est-à-dire?

« Nous sommes un point de convergence entre la Suisse allemande et romande. Nous accueillons des personnes de Lausanne, de Genève, de Zurich, de Bâle ou de Berne. Avec Kristina, nous ne sommes pas de Bienne, donc naturellement ça ouvre le spectre des possibles. Et puis, la ville est multiculturelle et bilingue, nous voulons donc que cet espace soit à son image. »

Elle poursuit en m’expliquant que la Krone Couronne est un lieu hybride, qui ne rentre ni dans la case musée ni dans la case galerie: « Nous ne sommes pas élitistes, tout le monde est le·la bienvenu·e, précise-t-elle. Nous souhaitons vraiment être une plaque tournante pour les artistes, une vitrine à travers laquelle il·elle·s peuvent présenter leur travail. »

En parlant d’artistes, il est bientôt 18 heures, le vernissage va commencer et les premiers visiteurs poussent déjà la porte d’entrée. Camille reprend alors son rôle de curatrice et accueille avec le sourire les invité·e·s. Elle me propose toutefois de revenir pour le vernissage de la prochaine exposition, Echoes par Lara Dâmaso, du 10 juin au 16 juillet 2022. D’ailleurs, si j’ai bien fait mon travail, cet article aura éveillé votre curiosité et nous nous croiserons peut-être prochainement au détour d’une ruelle biennoise.

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