Un boudoir lausannois présente les trésors de la mode helvétique

Rencontres

Souvent timide, la mode suisse permet rarement de se démarquer. Petit à petit toutefois, des enseignes comme la Coloc store voient le jour et offrent aux designers locaux la possibilité d’exposer leurs créations. Rencontre avec Dunja, sa co-fondatrice.

Ces derniers temps, je remarque de plus en plus de magasins de seconde main et de designers éclore dans les rues pavées de Lausanne. Je pousse parfois même leur porte, pour élargir mes horizons en matière de mode et découvrir des créateur·rice·s et des styles différents de ce que j’ai l’habitude de voir en Suisse. Car à mon grand regret, le pays reste souvent encore trop timide lorsque l’on parle de vêtements.

Je ne peux donc que me réjouir en découvrant, à quelques pas de la cathédrale de Lausanne, une petite boutique aux sols carrelés noirs et blancs à l’ambiance boudoir, exposant des tenues qui me rappellent mes années à Berlin et mes week-ends parisiens.

Co-fondée par Dunja en 2021, la Coloc store propose à toutes celles et ceux qui entrent dans son univers une magnifique sélection d’habits et d’accessoires de designers suisses. La maîtresse des lieux est une passionnée de mode depuis toujours et ça se ressent lorsqu’elle présente les pièces exposées.

« J’ai beaucoup d’étudiant·e·s de la HEAD. Mais plus je me plonge dans le milieu de la mode locale, plus je découvre du choix. Aujourd’hui, j’ai même des demandes spontanées de la part des créateur·rice·s. »

Sommes-nous réellement prêt·e·s à changer notre manière de nous habiller?

Coupes droites, couleurs éclatantes ou neutres, jupes, pantalons, sacs à main et accessoires: Dunja refuse, contrairement à la concurrence, de se cantonner dans un style précis. « Si j’ai décidé d’ouvrir mon shop, c’est en réaction à la frustration que j’avais face à un choix de collections souvent trop restreint », raconte-t-elle. Les articles qu’elle vend touchent donc une certaine clientèle, et leur esthétique amène à se demander si les Suisses sont réellement prêt·e·s à changer leur manière de s’habiller. Elle me rejoint sur ce point et ajoute:

« Uniquement une petite partie de la population se démarque vraiment en termes de style vestimentaire. Nous avons d’excellent·e·s designers qui valent la peine d’être découvert·e·s. Malheureusement, ces personnes s’en vont travailler pour de grandes marques à l’étranger. Elles ont du succès, mais ce n’est pas ici. »

Il est vrai que les folles tenues et la liberté de m’habiller comme je veux m’ont toujours beaucoup manqués en Suisse. Je me prends parfois à être (trop) prudente avant de revêtir une couleur criarde, un pantalon à la coupe décalée ou des chaussures flamboyantes. Suis-je la seule à ne pas oser? Pourtant, ces vêtements, qui souvent me paraissent détonner dans le paysage helvétique, ne demandent qu’à être portés. Sommes-nous simplement en manque d’offres qui nous permettraient d’ajouter le grain de folie absent de nos garde-robes? Des initiatives comme celles de Dunja aideront peut-être à changer le paysage de la mode suisse. Je l’espère. D’ici là, je vais me faire violence, oser plus et ressortir enfin mes plus belles pièces.

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