Mes vacances sans les réseaux sociaux

Réflexions

Connectée en permanence à tout et à tout le monde, mon téléphone portable a décidé de me lâcher, à une semaine du départ. J’ai d’abord paniqué, puis j’ai décidé de faire le test. Récit d’une milléniale «coupée du monde».

A quelques jours de mon départ en vacances, mon téléphone cesse de fonctionner. Paniquée à l’idée d’être privée de tout contact – et surtout de mes réseaux sociaux – j’ai rapidement découvert les joies de la (vraie) déconnexion. Une incroyable parenthèse technologique de deux semaines qui m’a énormément ressourcée, et que je n’ai pas envie de refermer.

La connexion constante

Ma première réaction lorsque je découvre que mon téléphone ne s’allume plus? La panique.

«Comment vais-je faire en vacances?»

Une question qui me paraît aujourd’hui bien futile.

Rapidement, après un diagnostic chez mon opérateur mobile, je comprends que je ne récupérerai pas l’appareil avant mon départ. J’ai en revanche droit à un téléphone de substitution, que j’aurais rapidement pu configurer pour tout récupérer, en attendant. J’ai toutefois décidé de ne pas le faire. Pourquoi?

Parce que depuis quelques mois, j’étais devenue accro, entre mon blog et la pression de devoir constamment poster du contenu sur Instagram, mon travail de journaliste qui nécessite d’être hyper connectée ou encore les WhatsApp envoyés et reçus toute la journée. Le pire, c’est que la majorité du temps, je consulte mes réseaux sociaux par simple habitude.

C’était devenu un réflexe qui générait plus de stress que d’apaisement, mais que j’étais incapable d’abandonner.

J’ai donc vu ici (et immédiatement saisi) l’occasion de déconnecter. Complètement.

Le calme complet

Le premier jour, je dois avouer que je me suis sentie un peu seule et isolée, surtout le soir dans mon appartement. Je suis en effet habituée à être connectée à «l’extérieur» en permanence. Et d’un coup, il n’y a plus personne… à part moi. Et là je me dis «merde», ça devrait être assez, non? Apparemment, plus.

Rapidement toutefois, je me prends à apprécier ce calme complet, cette absence de sollicitations permanentes.

Je me rends aussi compte du nombre de messages inutiles que j’envoyais en continu: une pensée, un événement dans la rue, une réflexion.

Tout devait obligatoirement être relayé à la minute près. J’étais devenue une chaîne d’infos en direct.

Évidemment, le départ en Espagne tombe à pic. Loin de tout (et de tout le monde), j’expérimente la philosophie du live in the moment à son paroxysme. Sur les terrasses, j’observe la foule au lieu d’être sur Instagram en attendant ma commande. Tard le soir, je vais directement dormir ou je lis. Dans le train qui traverse le pays, j’écoute de la musique et je regarde par la fenêtre. Ce que je dis paraît cliché? Totalement. J’en suis consciente et je m’énerve presque en l’écrivant. Ces habitudes ont l’air tellement simples et naturelles. Et pourtant, je les (re)découvre réellement.

Certes, les lectures du soir et le paysage en chansons ne sont pas complètement nouveaux.

Ce qui change toutefois, c’est le fait de ne pas se déconcentrer ou se sortir du moment pour regarder son téléphone.

J’ai aussi remarqué que de savoir que, même rangé dans la poche, il est le catalyseur d’une activité bouillonnante, ça stress. En effet, je me demandais régulièrement «ce que j’avais manqué» pendant mes vagues instants de pause, et je me réjouissais de découvrir tous les messages et les likes que j’avais reçu durant mon absence.

La pilule rouge

La FOMO (fear of missing out, un concept qui explique cette peur de «louper quelque chose») apparaissait par conséquent dès l’instant où je posais mon téléphone. Je l’ai d’ailleurs aussi observée chez les filles assises à côté de moi dans l’avion.

Elles ont immédiatement allumé leur smartphone à l’atterrissage, à l’affût et prêtes à rattraper ces deux heures «perdues».

Moi en revanche, j’ai simplement arrêté ma musique et attendu le débarquement. Fait intéressant: j’étais très calme, contrairement à d’autres voyages où, trop absorbée par mon écran, je ne faisais pas attention à la personne qui voulait se lever et passer par exemple. Surprise et rappelée brusquement à la réalité, j’étais envahie par le stress causé par ce trop-plein d’informations.

Mes voisines m’ont également rappelé, en envoyant des photos et des messages en direct depuis l’avion, le sentiment suivant:

Ne pas partager en temps et en heure ce qu’on fait et où on est, annihile l’existence de l’événement, du voyage, du concert, ou n’importe.

Notre vie n’est pas réelle si elle n’existe pas dans l’œil des autres.

Je me rends compte à quel point j’étais dans la matrice. Consciemment, sans doute. Apte à m’en extraire? Pas sûre. Et pourtant, quelle délivrance. Certes, on ne m’a pas laissé le choix entre la pilule bleue ou rouge. Mais si un jour c’était à refaire, il ne faudra pas me forcer. Je prends la seconde, sans hésiter.

Retour à ma (nouvelle) réalité

En fin de compte, un SMS de temps en temps à ses potes ou à sa famille, ça suffit. Je suis présente pour les personnes qui sont avec moi, tout en me réjouissant de retrouver celles qui manquent à l’appel. J’ai toutefois dû me résoudre à aller rechercher mon téléphone à mon retour de vacances, et j’avais la boule au ventre à l’idée de le rallumer.

Depuis, j’essaie d’ouvrir mes réseaux sociaux à certains moments précis de la journée (et non plus à chaque fois que j’ai une seconde de libre).

Je n’allume pas mon téléphone dès le réveil. Je le pose lorsque je suis à la maison. Et je ne sors plus (aussi souvent) du moment présent pour vérifier si j’ai reçu un message.

J’apprécie ce calme et cette tranquillité, et j’espère que ces récentes habitudes deviendront ma nouvelle réalité. Le temps me le dira. Une chose est sûre en revanche: plus jamais je ne reprends la pilule bleue.

Partager cet article