Le Népal, terre enchanteresse où dieux et hommes se sont installés depuis fort longtemps, ne cessera jamais de faire vivre aux voyageurs une expérience que les mots ne sauraient décrire. La coucher sur papier relève de l’impossible. Comment raconter une nature vivante, des temples habités par des forces invisibles, comment transposer l’âme mystique d’un pays si unique? Il me faudra bien relever ce défi, car c’est pour moi le moyen de t’emmener dans la cité sacrée de Bhaktapur, là où vit Joyce, une lausannoise à la tête de l’association The Happy Kids Center, un centre de jeu qui accueille les enfants de la zone pauvre de la ville, tous les jours, de 16 heures à 18 heures.
Les trois bonnes fées
C’est au printemps 2016 que Joyce a repris les rênes de l’association avec Ellen et Nicole, deux amies américaines. « Je fais des allers-retours entre la Suisse et le Népal depuis bientôt deux ans, raconte-t-elle. J’essaie de venir ici le plus souvent possible, et je reste sur place aussi longtemps que je peux pour m’occuper quotidiennement des enfants. »
En 2017, elle rentre cependant à Lausanne pour terminer ses études en soins et santé communautaire. A peine sa maturité en poche qu’elle s’envole à nouveau de l’autre côté de la terre, direction le Népal pour quelques mois. Et ensuite, en route pour sa prochaine étape: la Malaisie, en février 2018.
Un amour de l’Asie que les trois amies ont pour point commun. Elles veulent parcourir les villes et régions du continent aussi longtemps qu’elles le peuvent. « L’avantage, explique Joyce, c’est qu’il y a toujours l’une d’entre nous au Népal pour être près des petits. Et puis, notre employée Chadani est de toute façon présente tous les jours pour gérer le centre. »
A chacun son histoire
Pour se rendre au Happy Kids Center, il faut emprunter les petites ruelles baignées d’odeurs d’encens et d’épices qui façonnent la cité. Et ce tout en faisant attention aux motos qui circulent dans tous les sens, et aux chiots qui se trouvent sur le chemin. Direction la zone pauvre de Bhaktapur, là où vivent les enfants qui viennent au centre. « Hellooo! » nous crient-ils dès qu’ils nous voient arriver. Ils sont plus ou moins nombreux à guetter notre arrivée, cela varie en fonction des jours. Difficile de prévoir qui viendra, qui nous attendra devant les portes, et qui restera jusqu’à la fermeture.
Une chose est sûre, ils débordent d’énergie et ne nous laissent pas une minute de répit. Pendant deux heures, ils viennent, repartent, réapparaissent après 30 minutes. Ils ont 5, 8 ou 12 ans, sont népalais ou indiens, pauvres ou moins pauvres, filles ou garçons, calmes ou surexcités, certains sont frères et sœurs. Pour les indiens, il arrive que les aînés ne puissent pas se rendre au Kids Center, car ils travaillent dans la rue. Chacun son histoire.
Sur place, Joyce ne s’arrête pas à la gestion du Happy Kids Center. Ce que je trouve kiffant, c’est qu’elle a également mis en place plein d’autres choses. Par exemple? Tu sauras que ses amies et elle cuisinent, tous les samedis, un repas chaud pour les petits. Elles ont aussi créé un programme qui finance l’éducation des enfants les plus nécessiteux de l’association. Pour couronner le tout, Joyce s’est lancée le défi d’ouvrir un skatepark à Bhaktapur pour tous les jeunes de la ville. Un grand merci à Joyce de m’avoir fait vivre cette expérience inoubliable et d’avoir partagé avec moi pendant 5 semaines une partie de son univers.